HISTOIRE & PATRIMOINE

PATRIMOINE MINIER

La formation du charbon

La couche du charbon du bassin minier de Provence (3 mètres d'épaisseur en moyenne) est relativement "récente" : elle date de 70 à 80 millions d'années. Sa formation est due à la présence d'un lac d'eau douce qui s'étendait entre les massifs de Ste Victoire et de l'Etoile et jusqu'à Istres. Dans ce lac poussaient des végétaux de très petite taille. Un processus lent mais régulier se met en place, alternant la décomposition de micro-végétaux d'eau douce et le recouvrement par des roches calcaires dus à des affaissements de terrain.
Ce processus est attesté par la fréquente découverte de fossiles de tortues, moules... dans les déblais de mine.

© Charbonnages de France

L'exploitation du gisement

La première mention écrite d'exploitation remonte à l'année 1443, à St-Savournin, sur un affleurement du charbon au sol.L'usage d'un produit issu du sous-sol, noir, fait peur à nos ancêtres du Moyen Age. Cependant, le charbon montre vite ses qualités de combustion plus lente et plus calorifique que le bois dont on cherche à réduire la consommation qui entraîne une déforestation trop rapide. Les premières concessions sont données au XVII siècle. Jusqu'à la fin du XVIII siècle la production reste faible (quelques milliers de tonnes annuels) car l'exploitation des affleurements de charbon reste anarchique. En 1791, des concessions sont créées. Commence alors l'exploitation par descenderies, des galeries souterraines permettant d'accéder à la couche de charbon grâce à des escaliers taillés dans la roche.  A cette époque, les descenderies fonctionnent à bras d'homme et permettent d'aller chercher le charbon à 50 mètres sous terre environ. Il s'agit de couloirs s'enfonçant sous terre. Ce sont souvent les enfants qui le transportaient sur le dos dans ces galeries de très faible hauteur.

Au XIX siècle, le progrès technique avec la machine à vapeur notamment, permet de résoudre peu à peu les problèmes posés par l'exploitation et voit l'installation de sociétés privées obtenant des concessions pour 50 ans au terme desquelles elles doivent rendre le terrain sain. En 1880, quatre compagnies minières se partagent le bassin minier. Elles emploient 2500 ouvriers et produisent 458 000 tonnes. 42 puits seront creusés sur tout le bassin de l'Arcdont les puits Courau et Boyer à Meyreuil.
Au XX siècle, la production annuelle atteint 1.5 millions de tonnes, plus de 6000 mineurs font vivre les populations de Meyreuil et des villages environnants. On doit faire appel à la main d'oeuvre étrangère. En 1946 la mine est nationalisée.

L'exploitation à Meyreuil

Entre 1906 et 1927, on construit deux puits jumeaux dont les fonctions sont séparées : l'un pour les hommes, l'autre pour le charbon. Le puits Courau (extraction), foré de 1914 à 1927, et le puits Boyer (personnel et matériel), creusé en 1928, sont respectivement mis en service en 1927 et 1928. Le puits Courau est profond de 619 mètres. Le puits Boyer, situé à 40 mètres du précédent, est profond de 667 mètres. La tour d'extraction du puits Courau (6 étages) et le chevalement du puits Boyer (7 étages) , sont construits en béton armé et couverts en terrasse. Ils sont situés sur la concession 2, propriété de la Compagnie des Charbonnages de Meyreuil. Cette dernière ayant pris le nom de Compagnie des Charbonnages du Midi, est transférée en 1946 aux Houillères du Bassin de Provence. Les sociétés d'exploitation de charbon sont nationalisées en 1946. De 1928 à 1986 date de son arrêt, le puits Courau a sorti 5 843 000 tonnes de charbon.  Les déchets de mine sont stockés sur les terrils du Grappon puis du Défens. Le premier terril se trouvait sur le carreau de la mine. Il a ensuite été arrasé. Le Grappon a servi de 1955 à 1965, le Defens de 1952 à 1977, les Sauvaires de 1953 à 1987. Bramefan (commune de Fuveau) a pris la suite en 1987.

 Le siège des puits Courau et Boyer © Charbonnages de France

De 1958 à 1968 l'exploitation des Houillères du Bassin de Provence ne se concentre plus que sur deux sites miniers dont celui de Meyreuil. Un projet appelé "Grand ensemble du puits Courau", conçu à partir de 1958, aboutit donc à la réorganisation et à la modernisation du site.

Les puits restent en service jusqu'à la fin des années 1980, remplacés alors par les puits Cativel et Yvon-Morandat sur la commune de Gardanne. Le 1er février 2003, la mine s'arrête : 130 millions de tonnes au total ont alors été extraits. Le carreau de Meyreuil a été rasé durant cette année et toutes les machines détruites.

Les puits Courau et Boyer ainsi que le lavoir de Meyreuil © Charbonnage de France 

Les problèmes liés à l'exploitation : 

- Aération du lieu d'exploitation, stagnation du méthane
- Comment monter et descendre les hommes, le charbon ?
- Comment pomper l'eau ?

Le premier puits (descente verticale) est conçu par l'ingénieur Biver qui implante la cité minière, l'église, l'école sur un même lieu. Le métier de mineur est souvent complémentaire du métier d'agriculteur.

© Collection privée JC Lazarewicz

Rôle du concessionnaire

Le concessionnaire doit anticiper tous les dangers potentiels postérieurs à la fin de la période de concession.

En ce qui concerne le terril, il doit rendre le paysage attractif pour atténuer l'odeur de soufre et l'émission de poussière. Il stabilise les sols et les sous-sols par drainage de l'eau en inondant les galeries par la galerie de la mer tout en gérant le risque d'explosion et d'incendie provoqué par la réaction chimique méthane et eau. Il doit également boucher les puits à la surface avec pierre et béton.

Au total, cinq siècles d'exploitation ont caractérisé la mine en Provence. Outre la profondeur d'extraction (1350 mètres atteints en 2003), c'est l'eau qu'il a fallu combattre sans cesse. Il y eu très peu de "coups de grisou" au fond de la mine de Provence mais des accidents parfois graves.

© Collection privée JC Lazarewicz

La galerie de la mer

Sur une proposition de l'ingénieur Ernest Biver, la galerie de la mer est creusée dès 1889/1890 puis achevée en 1905. Elle s'étend sur 14 km du Puits Biver à Marseille où elle se jette dans la mer, par simple gravité. Elle est créée dans le but d'éviter le pompage incessant et très coûteux de l'eau car le véritable problème lié à l'exploitation du charbon en Provence est l'eau. Cette galerie a deux fonctions principales.
Jusqu'en 1905, il fallait évacuer l'eau très présente dans les sous-sols afin d'éviter les inondations et permettre l'assèchement de lignite jusqu'alors inaccessible car tous les puits sont reliés pour l'évacuation de l'eau et les sources sont nombreuses.
De plus, la voie ferrée utilisée pour l’évacuation des déblais liés aux travaux sert dès lors au transport souterrain du lignite jusqu’au port de Marseille.
Ces travaux auront coûté quatre fois plus que son estimation, à savoir 8,4 millions de francs. Depuis l'arrêt de l'exploitation minière, la galerie de la mer est toujours en fonction pour d'autres usages.

Sources : http://www.culture.gouv.fr, www.tunnels-ferroviaires.org et témoignages d'anciens mineurs de Meyreuil

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Pour des informations complémentaires, vous pouvez vous rendre au Pôle Minier de Gréasque.
Créé en 2000 par le maire Suzanne Maurel-Chordi, et le président du Conseil Régional des Bouches-du-Rhône, sur l’ancien carreau du Puits Hély d’Oissel, le pôle historique minier, avec son chevalement classé à l’inventaire des bâtiments industriels historique, reçoit de nombreux visiteurs, anciens mineurs, scientifiques, étudiants, écoliers et touristes venus de toutes régions et de tous pays.

Saison haute : Avril à Septembre inclus
- Ouverture les mercredis, vendredis et samedis de 9h à 12h et de 14h à 18h30.
- Fermés les lundis, mardis et jeudis.
- Visites guidées à 10h, 14h30 et 16h30.
- Visite libre possible avec audioguide.
- Ouverture la plupart des dimanches de 9h à 12h et de 14h à 18h.

Saison basse : Janvier à Mars inclus et Octobre à Décembre inclus
- Ouverture les mercredis, vendredis et samedis de 9h à 12h et de 14h à 17h.
- Fermés les lundis, mardis et jeudis.
- Visites guidées à 10h et 14h30.
- Visite libre possible avec audioguide.
- Fermé tous les dimanches de janvier, février, novembre et décembre. Ouverts certains dimanches d’octobre et mars de 9h à 12h et de 14h à 18h.
- Fermeture Annuelle du 20 décembre au 22 janvier inclus.

Se renseigner au 04.42.69.77.00 ou sur www.poleminier.com.

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EN IMAGES

© Collection privée JC Lazarewicz

© Charbonnages de France

© Collection privée JC Lazarewicz

© Collection privée JC Lazarewicz

© Collection privée JC Lazarewicz

© Charbonnages de France

© Collection privée JC Lazarewicz

© Collection privée JC Lazarewicz

Construction du Puits Z © Charbonnages de France 

© Charbonnages de France

Le puits Yvon Morandat et le parc de stockage de matériel © Charbonnages de France
   

Siège de Meyreuil © Charbonnages de France 

Accédez à une photothèque très complète sur le site http://www.brgm.fr/ 

VOCABULAIRE

Abattage : arrachage du charbon soit manuellement (pic, marteau-piqueur..) soit mécaniquement (haveuse, rabot..).

Boisage : action de consolider le toit des chantiers au fond, par des structures de soutien en bois. On parle des butes pour le bois taillé en crayon et des cadres pour l'ensemble de la structure.

Boute-feu : il s'agit d'un mineur qui pose des explosifs dans la roche ou dans le charbon. C'est un mineur comme les autres, à la différence qu'il a un permis de tir. Il est responsable des explosifs, de leur transport et du tir.

Cage : c'est une sorte d'ascenseur situé dans le puits, qui permet la descente et la remontée des hommes et du matériel, de la surface vers le fond et inversement.

Carreau : il définit l'espace en surface, où sont situés les ateliers, la salle des pendus (vestiaire), les bâtiments administratifs.

Chevalement ou "chèvre" : "tour" installée au-dessus du puits, supportant les câbles venant de la machine d'extraction (machine servant à la descente et à la remontée des cages).

Convoyeur : c'est un système qui sert à transporter le charbon. Il se présente sous la forme d'une bande qui fait office de tapis roulant.

Cordée : il s'agit de la descente et de la remonte de la cage , transportant des mineurs.

Criblage : on nomme ainsi l'opération du tri du charbon en fonction de son calibre ou dimension, par passage sur des grilles. Le mineur parle aussi du criblage en tant que lieu. Le criblage est rattaché au triage.

Encager : faire entrer des bennes, pleines ou vides dans la cage.

Lampiste : personne responsable de la gestion des lampes et de la comptabilité des mineurs au fond de la mine.

L'Etançon : soutien métallique des parois d'une galerie en cours de creusement, et surtout des toits d'une taille. Il est réglable en fonction de la hauteur des galeries.

L'Exhaure : c'est un dispositif de pompage des eaux infiltrées dans la mine, vers la surface. L'exemple le plus représentatif est celui de la galerie de la mer.

Travail au jour : en opposition au travail effectué au fond (c'est à dire dans le sous-sol), qualifie le travail en surface comme le criblage, le triage, les réparations des équipements.

Maître-mineur : chef de service responsable d'un secteur d'activité au fond. Il est sous les ordres de l'ingénieur avec une marge de manœuvre importante.

Receveur : ouvrier chargé de la réception et du transvasement des bennes, aussi bien au fond qu'au jour. Il donne le signal de remontée ou descente.

Skip : benne en anglais.

Soutènement : il s'agit du dispositif destiné à soutenir les toits des galeries. le modèle utilisé en Provence est le soutènement marchant, qui avance en même temps que la taille.

Taille : c'est le chantier de production de la mine.

Traçage : c'est le chantier de creusement des galeries.

Terril (appelé aussi terras ou crassier) : il définit le tas de déblais, de débris provenant de la combustion du charbon utilisé pour l'alimentation de la chaudière, ou provenant du criblage.

Toit : c'est le plafond du chantier au fond. Le "mur" correspond au sol et les parements aux côtés.

Traînage : il définit la voie ferrée qui permet la circulation des wagonnets (bennes) tirés par un treuil autrefois.

Travers-banc : galerie de circulation creusée dans la roche, afin d'atteindre le charbon.

Triage : il s'agit de la séparation du charbon de toutes ses impuretés telles que les pierres, le bois...

Veine : désigne le plus souvent la couche de charbon exploitable, c'est à dire celle qui peut-être extraite.

Nous remercions toutes les personnes qui ont contribué à ce recueil d'informations.